On dirait que mes clients ont atteints de grandes marques tous en même temps. Ou alors ils se sont donné le mot pour me faire sentir que ce que je fais a du sens.
Cliente A: Je ne me suis pas étouffée depuis plusieurs semaines. C’est plus facile avaler, on dirait que là où c’était tendu, c’est devenu du marshmallow. Tu comprends? Ça fait drôle à dire. Ah, et maintenant, je suis capable d’avaler des pilules. Je t’avais dit que je devais prendre des pilules croquables pour enfant? Tu changes des vies. J’ai vraiment l’impression que je progresse et vite, c’est formidable. J’avais peur d’être prise avec ça toute ma vie.
Cliente B: Elle entre et entame. Ma cliente est excitée, a beaucoup de progrès à me rapporter. Elle me parlait et je l’écoutais, mais trois fois, pendant qu’elle me parlait je me suis demandé comment c’était possible qu’elle ne soit pas essoufflée. Cette dame présente une incoordination pneumo-phonatoire. En clair, elle cherche son air en parlant et sa gestion de sa respiration durant une conversation a toujours été notable. Or, elle me parle, tout excitée et je n’entends pas cette incoordination. Au contraire, son discours semble plus fluide. Je me demande comment ça quand elle me parle de notre dernière séance.
Je ne me rappelais pas, mais on avait introduit des exercices pour travailler notamment le patron respiratoire et les muscles de l’expiration, tout spécialement le diaphragme. Je n’en reviens pas de la différence et je lui en fait part, bouche ouverte de stupéfaction. C’est là qu’elle me dit: Tu vas capoter. Sa montre intelligente mesure son VO2 max. Selon l’outil, en une semaine, elle est passée de sous la moyenne a légèrement au-dessus de la moyenne. Bien sûr, je ne me sers pas de ces données, la validité et la sensibilité de ces gadgets n’étant pas suffisamment étudiée. Mais ça en dit quand même un bout, surtout si on ajoute l’absence d’incoordination pneumo-phonatoire dans son discours!
Client C: C’est pas évident de venir, mais je suis content d’être revenu. Je comprends pourquoi je ronfle, ca fait du sens, tout ça est logique. Je vais améliorer plein d’affaires. Je me sentais pas trop à l’aise, c’est confrontant d’être pas capable face à quelqu’un qui fait les choses parfaitement (exercices et respiration). Je lui ai dit que je n’étais parfaite en rien, mais je l’ai surtout reçu. C’était en début de rencontre. En fin de rencontre il me dit : Je me suis senti reçu. J’ai confiance et je me sens bien. Pour moi, c’est une grosse part face à un professionnel de la santé. Wow! Quelle belle confirmation de sa part. Je suis sincèrement contente qu’on me donne le feedback que je sais recevoir l’autre dans ses limitations et où il se situe. C’est une grande victoire.
Cliente D: Je ne l’ai pas vue depuis plusieurs mois. Je lui avais donné des exercices pour le ronflement qui ont le bénéfice d’améliorer l’esthétisme du cou. Jeune femme au poids santé et sportive, elle avait un double menton. Durant la rencontre, je me fais la réflexion que son ‘’dessous’’ de menton s’est affiné. Je lui demande si elle a remarqué. Devant l’écran (rencontre en télépratique), elle commence à se pincer, s’examiner de profil, de face… Elle me dit oui, on dirait. Un peu, en fait, oui. Oh, je ne le vois plus. Même quand je pince, il n’est plus là. Mais si je souris il va apparaître… attends, non. Il n’est vraiment plus là! Wow! J’avais pas remarqué mais oui, tellement!
Et voilà ma journée. Ataboy. Merci la vie. Sans déconner, des fois je me dis : je plis bagage, tant pis, c’est trop difficile d’avoir une pratique différente, innovante, c’est épuisant, j’arrête. Puis la vie m’envoie ça et je comprends pourquoi je fais ce que je fais même si c’est inconfortable d’être différente et d’innover. Je continue pour eux et pour les sentiments de croissance et d’accomplissement que leurs progrès me donnent.
Marie-Emmanuelle Marchand, M. Sc., Orthophoniste
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