9 femmes en 1 journée : un clin d’œil statistique dans ma pratique de la rééducation myofonctionnelle en contexte d’apnée obstructive du sommeil
Aujourd’hui, je vis une situation rarissime dans mon bureau : mes neuf rendez-vous (je sais c’est beaucoup trop, ça aussi c’est rarissime) sont tous avec des femmes. Neuf femmes d’affilée, dans une journée de rééducation de l’apnée obstructive du sommeil (AOS). Croyez-moi, ce n’est pas banal.
Si vous travaillez en AOS, vous le savez : la grande majorité des patients sont des hommes. Statistiquement, l’apnée est 3 fois plus fréquente chez eux. Dans mon propre caseload, les femmes représentent 23 % de ma clientèle (j’ai fait le calcul tantôt). Autrement dit, les chances qu’une journée entière ne soit composée que de femmes est de … 1 sur 475 398.
Les maths c’est pas votre truc et cette statistique ne vous dit rien? Pour mieux saisir à quel point cette statistique de 1 sur 475 398 est exceptionnelle, voici quelques comparaisons parlantes :
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C’est à peu près la même probabilité que de se faire frapper par la foudre en une année — un événement rare et spectaculaire que l’on espère éviter à tout prix.
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Cette chance est aussi proche de celle de gagner le jackpot à la loterie nationale, ce fameux rêve qui fait tourner bien des têtes et laisse peu de gagnants.
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Enfin, c’est comparable à la probabilité d’avoir un bébé aux cheveux roux et aux yeux bleus, une combinaison génétique peu fréquente qui fait toujours son petit effet.
Je choisis d’y voir un clin d’œil amusant à la diversité des visages que peut prendre l’apnée. Car même si les hommes sont plus fréquemment diagnostiqués, les femmes en souffrent elles aussi — parfois plus discrètement, souvent sans ronflement, ce qui peut retarder la détection.
C’est l’occasion de rappeler que l’apnée obstructive du sommeil n’a pas de genre. Nos approches doivent donc s’ajuster aux variations cliniques, hormonales et posturales propres à chacun·e — pensons, entre autres, aux adaptations corporelles post-grossesse ou aux fluctuations du cycle de vie.
Bref, aujourd’hui, les statistiques m’ont jouée un tour… mais quel plaisir de consacrer ma journée à soutenir ces femmes dans leur démarche vers un sommeil plus serein et une santé respiratoire optimisée.
Marie-Emmanuelle Marchand, M. Sc., Orthophoniste
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