Démence et trouble myofonctionnel orofacial

Le trouble de la mémoire est le symptôme le plus couramment associé au déclin cognitif. Mais il existe des signes de démence auxquels on pense moins ou pas du tout. Parmi ces derniers, plusieurs s’inscrivent dans ce qu’on appelle le trouble myofonctionnel orofacial*.

*En termes très simples, trouble myofonctionnel orofacial veut dire mal faire les fonctions (ventilation, respiration, succion, mastication, déglutition, parole) du visage et des environs.

En 2024, environ 600 000 Canadiens vivent avec une forme de démence, et ce chiffre devrait augmenter à près d’un million d’ici 2030, en raison du vieillissement de la population. L’Alzheimer est la forme la plus courante de démence, affectant de nombreux aspects de la vie quotidienne des personnes touchées ​(Alzheimer Society of Canada)​. Sans surprise, avec le vieillissement de la population, la prévalence des démences devrait connaître une augmentation exponentielle.

La détérioration des fonctions cognitives est un processus lent et progressif qui se manifeste par une pléiade de symptômes. La réduction de la vitesse de réflexion, les troubles du langage (aphasie/la difficulté à s’exprimer ou à comprendre), la difficulté à accomplir des tâches quotidiennes font partie des symptômes en principe bien identifiés.

Mais il y a d’autres « red flags », auxquels on ne porte pas attention et qui ont attrait au trouble myofonctionnel ; entre autres, la qualité de la ventilation durant le sommeil mais ce n’est pas le sujet de cet article. Celui dont je souhaite parler aujourd’hui, c’est la difficulté à avaler/le fait de s’étouffer avec l’eau, la salive ou de la nourriture. Généralement la nourriture friable et qui se disperse est la première texture à poser problème après la salive et les liquides clairs.

Démence : la difficulté à avaler peut l’annoncer

Selon le Dr Ahmad Khundakar, de l’Université de Teesside, en Angleterre la dysphagie, ou la difficulté à avaler, est un signe physique inhabituel de la démence (Express.co.uk.).

Comment expliquer cette dysphagie en cas de démence ? Selon le médecin, celle-ci est due à « des lésions dans les régions du cerveau responsables du mouvement et de la coordination, y compris celles qui contrôlent le réflexe de déglutition ». Quand ils deviennent trop gênants, ces troubles de la déglutition peuvent engendrer des complications sévères comme une perte de poids, une malnutrition, une déshydratation voire l’étouffement.

C’est surement vrai, mais j’ajouterais que la dysphagie et l’aos vont souvent de pair. La dysphagie (difficulté à avaler) et la pénétration laryngée de liquides sont relativement fréquentes chez les personnes souffrant d’apnée obstructive du sommeil (AOS). Les études suggèrent que jusqu’à 30-40 % des personnes atteintes d’AOS peuvent présenter des symptômes de dysphagie. Ce lien est probablement dû à une altération des mécanismes de protection des voies respiratoires et une perturbation des structures musculaires impliquées dans la déglutition.

Concernant la pénétration laryngée de liquides, plusieurs études montrent que les patients atteints d’AOS sont plus susceptibles de souffrir de problèmes de coordination des muscles de la gorge et du larynx, augmentant ainsi le risque d’aspiration. Une étude a trouvé que jusqu’à 22 % des patients souffrant d’AOS avaient une pénétration laryngée ou une aspiration de liquides lors de tests de déglutition (BioMed Central)​(MedSLP Expert).

Ces chiffres indiquent que les troubles de la déglutition sont une complication courante chez les personnes souffrant d’AOS, et cela nécessite souvent une évaluation et un suivi spécialisés pour prévenir des problèmes comme l’aspiration pulmonaire.

À travers ma lunette d’experte

Si ceux qui souffrent d’apnée obstructive ont un score myofonctionnel bas (font mal les fonctions du visage et des environs depuis assez longtemps pour avoir entraîné des faiblesses musculaires), et que l’aos accélère le déclin cognitif et prédispose à la démence, et que dans l’aos, la dysphagie est prévalente et que la position de l’os hyoïde (trop bas) en aos est aussi retrouvée en dysphagie et qu’en rééduquant les aspects myofonctionnels du visage et des environs la personne avale mieux et respire mieux, est-ce qu’il n’y aurait pas des leçons à tirer?

Le lien commun entre démence, apnée obstructive et dysphagie pourrait être le Trouble Myofonctionnel Orofacial. Une rééducation de ce dernier ne serait-elle pas à envisager alors? Plus d’études svp. En attendant, je continuerai à rééduquer chez mes clients, petits et grands, la ventilation, la respiration, la mastication et la déglutition les aidant ainsi, si on se fie aux preuves dont nous disposons sur l’impact de ces fonctions, à protéger leur capital cognitif.

J’en aurais beaucoup plus à dire sur le lien démence – apnée obstructive – trouble myofonctionnel, notamment concernant l’Alzheimer, l’aphasie primaire progressive logopénique, la démence à corps de Lewy, … si intérêt, me laisser un commentaire. Je verrai alors à écrire la suite.

Merci,

Marie-Emmanuelle Marchand, M. Sc., Orthophoniste et fière de l’être.

En plus de celles citées, voici d’autres sources :

https://www.express.co.uk/life-style/health/1877553/dementia-sign-throat-difficulty-swallowing

https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2020-07/diqasm_guidemnd_tableaux_vf_publi.pdf

 

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