Qui suis-je
Je suis une orthophoniste ordinaire qui essaie d’être extraordinaire. C’est pourquoi j’investis autant de temps dans le développement de mes compétences et connaissances. J’ai pensé que cette infolettre serait un intéressant complément aux articles que je publie sur mon Blogue et que ce médium me permettrait de m’exprimer avec plus de familiarité. Après tout, vous avez demandé à avoir de mes nouvelles!
Avec les années, j’ai développé ma pratique vers une niche bien précise et c’est pour ces services qu’on me contacte le plus souvent. Vous ne serez donc pas surpris que je publie souvent concernant l’apnée obstructive du sommeil, le trouble myofonctionnel et tout ce qui s’y rattache de près ou de loin.
Mois de la sensibilisation au Trouble de l’alimentation pédiatrique
Description du problème
Ce trouble touche 1/37 enfants, ce qui en fait un trouble plus fréquent que l’autisme ou la paralysie cérébrale… mais bien plus inconnu.
Ce que ça veut dire, c’est que pour des milliers d’enfants et de parents, la période des repas est un combat, un lieu empli de peurs, de pleurs et de relents traumatiques.
Vous croyez que j’exagère? Vous seriez sur vos gardes vous aussi si votre enfant s’étouffait au point de virer bleu de manière récurrente ou s’il se cabrait de douleur au moment d’avaler, mais que vous deviez quand même le nourrir.
Une alimentation extrêmement difficile est un signe de PFD (Pediatric feeding disorder). En voici certaines caractéristiques :
• Sélectivité alimentaire basée sur la texture, la couleur et le goût
• Refus alimentaire : bâillonnement, vomissements, coups, pleurs
• Appétit limité
• Difficulté à prendre du poids – suivre la courbe de croissance
• Compétences alimentaires retardées ou dysfonctionnelles
• Comportement perturbateur au moment des repas
• Mange différemment dans différents environnements
• Impact négatif sur le fonctionnement de la famille
Si c’est le cas de votre enfant, ou d’un enfant que vous connaissez, nommez votre inquiétude. Il y a généralement une raison sous-jacente et contrairement à la croyance populaire, ça ne s’atténue pas toujours avec l’âge. Parlez-en à votre pédiatre/md de famille.
Pourquoi ça me touche?
Je suis orthophoniste en privé. Le trouble d’alimentation pédiatrique, ne devrait pas faire partie de ma clientèle et pourtant, c’est le cas. Les parents attendent souvent des mois avant d’avoir des services des équipes spécialisées et dans l’intervalle, j’essaie d’aider.
Pour d’autres, ils ne savent simplement pas ce qui se passe avec leur enfant. Alors ils consultent et c’est tant mieux! Je suis heureuse de pouvoir aider en nommant les choses, en écoutant leurs peurs et leurs besoins, en faisant des recommandations pour sécuriser l’alimentation des petits et apaiser les plus grands. En observant ce qui se passe, on peut souvent faire des hypothèses qui tiennent la route et aider en attendant qu’une prise en charge multidisciplinaire soit offerte au public.
J’ai vécu ce genre de rencontre hier. Des parents stressés, à qui j’ai rapidement offert un rendez-vous. Un enfant qui a du mal à s’alimenter, ça passe devant les autres. Ils sont repartis avec un oufff dans la voix, une souplesse dans le pas. Ils étaient moins stressés, certainement mieux informés et outillés pour essayer différentes approches avec leur coco de 7 mois à peine qui refuse de s’alimenter.
Je me suis formée en dysphagie pédiatrique (appellation qui regroupait autrefois les troubles organiques liés à l’alimentation pédiatrique), parce que j’en croisais dans ma pratique et souhaitais comprendre et intervenir à mon niveau. Sécuriser là où je pouvais en m’assurant de garder le médecin dans la loupe et de référer au public lorsque ce n’est pas déjà fait.
Ce que je croise souvent ce sont des picky eaters – enfants sélectifs ou difficiles à table
Dans ma pratique myofonctionnelle, il n’est pas rare que je croise des enfants que les parents décrivent comme sélectifs. Souvent ils vont dire des choses comme Ah, lui, c’est notre petit végétarien! Il n’aime pas la viande. Ça me met toujours sur la piste de la mastication.
Je m’explique. Les enfants qui ont une déglutition infantile (avale en poussant la langue vers l’avant) vont souvent avoir une mastication infantile également (broyage plutôt que déchiquetage, voir patron de mâchonnement plutôt que mastication à proprement parler).
Pour eux, donc, mastiquer les aliments fibreux comme de la viande est ardu, voire impossible. Ils délaissent donc cette texture et en privilégie d’autres qu’ils peuvent avaler sans efforts, et au premier rang, nous avons … les pâtes!
La dernière fois que j’ai demandé à un jeune client ce qu’il préférait manger, il m’a répondu : les cannellonis, le macaroni au fromage, les pâtes, la purée de pommes de terre et le spaghetti! Je vous jure! Hihihi Il n’avait même pas réalisé (et son parent non plus), avant que je le souligne, que ce n’est que du mou (et que ce sont presque toutes des pâtes!).
Si vous lisez ceci et aimeriez déjà savoir quoi faire, voici des idées simples :
• Établissez une routine de repas. Heures et places fixes. Les enfants trouvent du réconfort et de la confiance dans une routine prévisible.
• Établissez des limites aimantes et appropriées. Je ne m’attends pas à ce qu’un tout-petit reste assis à table pendant 30 minutes, mais je m’attendrais à ce qu’un enfant de deux ans mange à table pendant 10 minutes.
• Pour diminuer l’anxiété à table de votre enfant, un Time-timer (application gratuite) permet d’imager le temps pendant lequel on lui demande de rester à table.
• Mangez tous à la même heure – repas en famille
• Assurez-vous que la chaise est appropriée, que la position de l’enfant est supportée (tablette sous ses pieds, dos contre le dossier…)
• Assurez-vous que vos ustensiles sont appropriés. Juste parce que c’est vendu pour enfant ne veut pas dire que les fabricants ont respecté des normes. J’interviens souvent sur le format des ustensiles, des cuillères tout spécialement. On les veut étroites et peu profondes. Regardez votre enfant manger. S’il doit ouvrir exagérément la bouche pour contourner l’ustensile et si ce dernier fait la largeur (ou plus) de sa langue, ce n’est pas approprié.
• …
Si vous en voulez davantage, faudra prendre r.v. pour une rencontre de mentorat (orthophonistes) ou d’évaluation des besoins (parents).
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