Dans notre société où tout semble jetable, du grille-pain aux relations humaines, il est fascinant de réfléchir à la ligne fine qui sépare persévérance et acharnement.
Voilà l’issue de ma réflexion récente sur le sujet. Si vous poursuivez un objectif jusqu’à obtenir le résultat escompté, vous êtes un modèle de persévérance. Bravo! Mais si vous abandonnez en cours de route—même si cet abandon est parfaitement justifié—alors vos efforts passés seront rétroactivement qualifiés d’acharnement. Ironique, n’est-ce pas ? La distinction entre ces deux notions repose davantage sur la finalité que sur la nature des efforts eux-mêmes.
Imaginez : vous luttez contre une épreuve, à la frontière de vos capacités. Si vous triomphez, on louera votre détermination. Si vous décidez d’arrêter, on dira que vous étiez obstiné à tort. Ce regard, toujours teinté par le recul, est pour le moins hypocrite. Car, dans les deux cas, vous avez déployé des efforts, réajusté vos stratégies et fait preuve de courage. Alors pourquoi l’un est valorisé et l’autre décrié ?
Ce que les enfants nous enseignent
On dit souvent que les enfants apprennent plus vite que les adultes. Mais avez-vous déjà observé un jeune enfant dans sa journée ? Il passe un temps considérable à tenter des choses qui frôlent la limite de ses capacités : faire ses premiers pas, empiler des cubes, comprendre le fonctionnement d’une fermeture éclair. Il échoue, recommence, ajuste… jusqu’à réussir. Et nous applaudissons leur persévérance. Mais qu’en est-il de nous, adultes ? Combien de temps avez-vous passé aujourd’hui à repousser les frontières de vos capacités ? Après combien de temps ou d’essai avez-vous abandonné l’idée ou la tâche en cours?
Se pousser, tenter, insister—voilà le chemin de l’acquisition d’habiletés. La persévérance, c’est se maintenir à cet endroit inconfortable où les progrès naissent. Cela n’implique pas l’absence d’erreurs, mais bien une volonté constante d’évoluer malgré elles.
La distraction, ennemie de la persévérance
Si vous ne choisissez pas activement une meilleure voie, alors la société, la culture et l’inertie générale de la vie l’emportera. Le par défaut, c’est la distraction, pas l’amélioration.
Cette réflexion résume bien la réalité dans laquelle nous baignons. La distraction nous mène à consommer—des objets, des relations, des idées—sans jamais aller au bout de ce qui pourrait faire naître un résultat significatif. Combien d’idées géniales avez-vous eues mais n’avez défendues jusqu’à leur réalisation ? Parfois, ce n’est pas le manque de capacités qui nous freine, mais l’incapacité à rester concentrés.
Conclusion : persévérez, mais avec réflexion
La persévérance n’est pas un acte aveugle comme on se l’imagine lorsqu’on parle à rebours d’acharnement. Elle implique des ajustements, de la patience et une bonne dose de courage. Elle exige d’aller à contre-courant dans cette société où le rapide est trop lent et l’instantané devenu commun. Et si le succès d’une idée n’était pas une question de chance ou de talent, mais bien le fruit de la décision consciente de demeurer sur cet objectif plutôt que d’en choisir un autre? Quelle idée inachevée avez-vous abandonnée récemment? Que pourriez-vous faire pour la prioriser? Quelles distractions devez-vous éviter pour y arriver?
La persévérance ce serait donc d’être présent dans ses choix et aligné avec ses objectifs. L’acharnement lui, n’est que la persévérance à qui on n’a pas donné suffisamment de temps. Alors, aujourd’hui, que choisirez-vous de poursuivre ? Pour ma part, je choisis de persévérer dans mes projets de formation sur la thérapie myofonctionnelle et l’apnée obstructive du sommeil. Bien que je sois constamment à la limite de mes habiletés, je sais que ces efforts me permettent de grandir et de me développer continuellement.
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