Saviez-vous que votre façon de respirer pourrait transformer votre psoas (ce muscle caché dans les profondeurs de votre abdomen) en un véritable drama queen, responsable de vos douleurs lombaires ? Accrochez-vous, on va explorer tout ça avec un brin d’humour et beaucoup de science.
Les liens entre la respiration, le diaphragme et le muscle psoas major (grand psoas) ont suscité l’intérêt dans le domaine de la biomécanique et de la médecine fonctionnelle depuis longtemps. Voici un aperçu des relations entre ces structures d’un point de vue scientifique, ainsi que des axes de recherche où elles sont souvent étudiées ensemble.
Anatomie et biomécanique
Le diaphragme et le psoas major sont proches anatomiquement, et ils jouent des rôles complémentaires dans la posture, la respiration et le mouvement. Le diaphragme est le principal muscle respiratoire, tandis que le psoas major est impliqué dans la flexion de la hanche et la stabilisation de la colonne lombaire.
- Interdépendance biomécanique : Le psoas major s’insère sur les vertèbres lombaires, et le diaphragme sur le centre tendineux près des vertèbres lombaires. Il existe une synergie entre ces muscles dans la gestion de la pression intra-abdominale, essentielle à la stabilisation de la colonne lombaire pendant les activités respiratoires et locomotrices.
Fonction respiratoire et stabilité posturale
- Pression intra-abdominale : Le diaphragme, lorsqu’il se contracte pendant l’inspiration, augmente la pression intra-abdominale. Le psoas major, par son action stabilisatrice sur la colonne lombaire, aide à maintenir cette pression. Cette dynamique est cruciale pour la respiration efficace et pour le soutien du tronc lors des mouvements complexes.
- Lien avec la douleur lombaire : Plusieurs études montrent une relation entre dysfonctionnement du diaphragme, tensions dans le psoas et douleurs lombaires chroniques. La mauvaise coordination entre ces muscles peut entraîner une surcharge sur les structures vertébrales, conduisant à des douleurs et des déséquilibres posturaux.
Lien avec la posture et la respiration diaphragmatique
- Effet sur la posture : La posture peut être influencée par des déséquilibres dans le psoas major, affectant ainsi la fonction du diaphragme et la capacité respiratoire. Un psoas contracté peut tirer sur la colonne lombaire et limiter l’expansion du diaphragme, réduisant ainsi la profondeur de la respiration.
- Rééducation et thérapie manuelle : Dans certaines thérapies manuelles (comme l’ostéopathie et la physiothérapie), le relâchement du psoas et l’entraînement à une respiration diaphragmatique correcte sont utilisés conjointement pour améliorer la posture et réduire les douleurs lombaires. Ces approches sont soutenues par des études démontrant leur efficacité dans l’amélioration des schémas respiratoires et posturaux.
Respiration buccale et fonction du diaphragme
La respiration buccale (au lieu de la respiration nasale) peut entraîner une activation inadéquate du diaphragme, ce qui affecte non seulement l’efficacité respiratoire, mais également la posture et la stabilité du tronc.
- Impact sur le diaphragme : Les personnes qui respirent par la bouche ont souvent une respiration plus superficielle, sollicitant davantage les muscles accessoires de la respiration (comme les muscles du cou et des épaules) plutôt que le diaphragme. Cela peut entraîner une faiblesse du diaphragme et une diminution de sa fonction.
- Impact sur le psoas major : Un diaphragme sous-utilisé ou mal coordonné peut provoquer une surcharge du psoas major, qui joue un rôle dans la stabilisation de la colonne lombaire. Cela peut aggraver les déséquilibres posturaux et contribuer aux douleurs lombaires chroniques.
Posture et ventilation buccale
La respiration buccale est souvent associée à une posture inadéquate, comme une hyperlordose lombaire, ce qui peut provoquer des tensions dans le psoas et d’autres muscles posturaux.
- Déséquilibres posturaux : Les personnes ayant une respiration buccale développent fréquemment une posture avec la tête en avant et une hyperlordose, affectant la mécanique lombaire et pelvienne. Cela peut entraîner un raccourcissement du psoas, compromettant la fonction diaphragmatique et augmentant la pression sur les vertèbres lombaires.
Douleurs lombaires et respiration
Les douleurs lombaires sont fréquemment associées à un dysfonctionnement respiratoire. Un diaphragme inactif ou mal synchronisé avec les muscles abdominaux et posturaux, y compris le psoas, peut créer des tensions et douleurs lombaires.
- Répercussions sur le bas du dos : Lorsque la respiration buccale persiste et que le diaphragme est sous-utilisé, cela peut entraîner une augmentation de la rigidité de la région lombaire, ce qui aggrave ou provoque des douleurs chroniques.
Voilà qui fait réfléchir lorsqu’on sait combien de ronfleurs ont mal dans le bas du dos. L’étude de Chen et al. (2009) intitulée « Musculoskeletal Pain and Sleep-Disordered Breathing », publiée dans la revue Sleep Medicine Reviews. Cette recherche a examiné la relation entre les troubles respiratoires du sommeil, tels que l’apnée obstructive du sommeil (AOS), et la prévalence des douleurs musculo-squelettiques, dont les douleurs lombaires.
L’étude a montré que près de 50 % des patients souffrant d’apnée obstructive du sommeil rapportent des douleurs musculo-squelettiques. Ces douleurs incluent souvent des douleurs lombaires, un symptôme fréquemment rapporté dans cette population.
Rééducation respiratoire et posturale
Les interventions visant à corriger la respiration buccale, telles que l’entraînement à la respiration diaphragmatique et à la rééducation posturale, peuvent améliorer la fonction du diaphragme et réduire les douleurs lombaires associées. La rééducation des fonctions de ventilation (arriver à faire entrer l’air uniquement par le nez) et de respiration (développer une respiration basse et détendue recrutant le diaphragme), je m’en occupe avec mes clients. Le psoas, non. C’est pourquoi je réfère en physiothérapie posturale lorsque je crois cela nécessaire.
Le diaphragme : le super-héros incompris
Votre diaphragme, c’est un peu comme un chef d’orchestre invisible. Il bosse pour que vous respiriez bien, tout en vous aidant à ne pas tomber en morceaux (enfin, à stabiliser votre colonne vertébrale, pour être précis). Mais voilà, ce super-héros discret est souvent sous-estimé et maltraité. Résultat ? Il n’arrive plus à faire correctement sa job.
Quand ça déraille ?
Quand vous commencez à respirer par la bouche! La respiration buccale, c’est le chaos pour votre diaphragme. Au lieu de bien bosser, il passe en mode « vacances », et ce sont les muscles accessoires qui prennent le relais. Sauf que ces muscles, ils n’ont pas signé pour ça ! Donc, votre pauvre diaphragme devient un flemmard et le psoas major, un muscle situé à proximité, se dit : « Bon, je vais gérer ». Mais gérer, ce n’est pas vraiment son truc…
Le psoas major : ce muscle multitâche pas très zen
Le psoas, c’est un muscle qui aime tout contrôler : il vous aide à lever les jambes, à rester droit et à éviter que votre dos ne fasse des trucs bizarres. Mais quand votre diaphragme fait grève (merci la respiration buccale), le psoas se retrouve à devoir aussi stabiliser votre colonne. Et là, c’est comme si on lui demandait de jongler avec des couteaux en même temps qu’il fait du yoga. Stressé, il tire sur la colonne lombaire, crée des tensions, et BAM, bonjour les douleurs lombaires !
La respiration buccale : le vilain de l’histoire
Respirer par la bouche, c’est un peu comme inviter un éléphant dans un magasin de porcelaine. En plus de fatiguer les muscles du cou, ça crée un déséquilibre dans votre posture. Vous vous retrouvez avec la tête en avant (la fameuse tech neck), le bas du dos hyper cambré, et des tensions partout. Pas génial pour votre psoas ni pour votre diaphragme.
Et si on ajoute à ça un frein lingual trop court (vous savez, ce petit bout de peau sous la langue), c’est la cerise sur le gâteau. Ça limite la mobilité de la langue, ce qui peut compliquer encore plus la respiration, provoquer des apnées du sommeil chez les enfants (et même chez certains adultes), et rendre vos muscles encore plus grincheux.
Comment éviter le chaos : respirez comme un pro !
Heureusement, tout n’est pas perdu. La solution pour rétablir la paix entre le diaphragme, le psoas et votre colonne vertébrale ? La respiration diaphragmatique, celle où vous faites bosser votre ventre et pas votre poitrine. En gros, il faut laisser le diaphragme reprendre son rôle de boss. Et ça, ça peut faire des merveilles pour réduire vos douleurs lombaires et rétablir une posture correcte.
Alors, la prochaine fois que vous vous sentez tendu(e), rappelez-vous : respirez par le nez, détendez votre ventre, et laissez votre diaphragme faire ce qu’il fait de mieux. Parce que croyez-moi, quand votre diaphragme et votre psoas s’entendent bien, c’est tout votre corps qui vous dit merci.
Conclusion : une équipe de choc !
En résumé, votre diaphragme est le héros de la respiration, votre psoas est l’as des abdominaux, et ensemble, ils forment une équipe de choc. Mais quand la respiration buccale entre en scène, c’est la panique générale. Alors, pour éviter les drames, faites respirer votre diaphragme correctement, et votre psoas vous le rendra bien.
Les articles lus pour ce billet et pour certains ci-haut mentionnés abordent la stabilisation de la colonne vertébrale par le diaphragme, l’interaction avec les muscles posturaux tels que le psoas, et leurs rôles respectifs dans la gestion de la respiration et de la posture. Ils peuvent constituer une base solide pour explorer le sujet si vous souhaitez en savoir davantage.
En attendant, je dirais que le trouble myofonctionnel, dont fait partie la ventilation buccale, n’a pas fini d’étonner. L’étendue des désordres occasionnés est si vaste, il y a de quoi perdre un peu le souffle… mais pas au point de ventiler par la bouche!
Marie-Emmanuelle Marchand, M.Sc., Orthophoniste
Références :
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2 Comments
Ma kinesiologue, que j’adore, réeduque justement la posture en incorporant entre autre les exercices de respirations.
Voilà qui tombe sous le sens, merci du partage.