S’alimenter est un processus complexe… C’est une phrase qui tend à souligner le système intriqué qui façonne le développement de l’alimentation, depuis la naissance jusqu’aux troisième âge. On ne voit jamais dans les séries télé, des familles qui doivent se battre pour faire manger des légumes aux enfants ou pour certaines, autre chose que des pâtes et de croquettes. Pourtant, des milliers de famille vivent avec des enfants pour qui le processus de l’alimentation en est un perturbé, impactant un ou plusieurs des quatre domaines suivants : médical, compétences alimentaires, psychosocial ou nutritionnel. Chez certains de ces enfants, on parlera d’un trouble de l’alimentation pédiatrique (PFD), chez d’autres, d’une dysphagie.
La dysphagie et le trouble de l’alimentation pédiatrique (PFD) sont deux concepts liés à l’alimentation, mais ils diffèrent dans leur définition, leur portée et leurs manifestations. Voici les principales différences :
- Définition
- Dysphagie :
La dysphagie désigne une difficulté à avaler, qui peut affecter le passage des aliments ou des liquides de la bouche à l’estomac. Elle peut être causée par des problèmes anatomiques, neuromusculaires, ou d’autres troubles physiques. - Trouble de l’alimentation pédiatrique (PFD) :
Le PFD est un trouble complexe qui englobe un éventail de problèmes liés à l’alimentation et à la nutrition chez les enfants. Il inclut des défis dans quatre domaines : médical, compétences alimentaires (comme la dysphagie), psychosocial et nutritionnel.
- Portée
- Dysphagie :
La dysphagie est une manifestation physique spécifique et peut faire partie d’un PFD, mais elle est isolée à la difficulté mécanique ou sensorielle à avaler. - PFD :
Le PFD est un diagnostic large qui inclut des problèmes comme :- Difficultés à avaler (dysphagie).
- Refus alimentaire lié à des traumatismes ou des troubles sensoriels.
- Problèmes psychosociaux (ex. : anxiété face à la nourriture).
- Troubles nutritionnels (ex. : incapacité à consommer suffisamment pour grandir).
La complexité s’accentue lorsqu’on considère leur chevauchement avec un autre trouble : l’ARFID (trouble de l’alimentation sélective ou restrictive). L’ARFID est un diagnostic de santé mentale partageant plusieurs critères avec le PFD, mais il est mieux connu. Certains enfants avec un PFD sont mal diagnostiqués avec un ARFID, et parfois, le PFD peut évoluer vers un ARFID.
Le défi majeur reste la perception publique et c’est là le but de ce billet. Beaucoup pensent encore que manger est automatique, que les comportements alimentaires difficiles sont dus à l’éducation ou à des enfants qui font les difficiles, ou que tant que l’enfant maintien sa courbe de croissance, c’est qu’il ne doit pas y avoir de problème. Ces idées fausses laissent de nombreux enfants non diagnostiqués, négligés, et en difficulté et honnêtement, des milliers de parents anxieux et démunis face aux difficultés rencontrées à l’heure des repas.
Mère de deux enfants, je considère que c’est un privilège d’être dans une situation suffisamment aisée pour pouvoir nourrir mes enfants. Mon cœur saigne quand je pense aux mamans, nés moins fortuitement qui n’ont pas de quoi nourrir leur marmaille. Mais au-delà de ce que je suis en mesure d’offrir à mon enfant, soit une variété de fruits, de légumes, de goûts et de textures, il y a ce qu’il accepte de manger. S’il refuse de manger si ce n’est des frites, des chips, des croquettes et des pâtes, ma capacité à lui offrir des repas colorés et nutritifs en est réduite à néant.
Si l’heure des repas est un combat chez vous, votre enfant pourrait présenter l’un ou l’autre de ces troubles. Consultez en orthophonie ou en ergothérapie pour obtenir des stratégies concrètes et de l’aide. S’alimenter ne devrait pas être un combat et non, ce n’est pas une question d’éducation et non, ça ne rentrera pas dans l’ordre tout seul avec le temps.
Merci à Logan qui, du haut de ses 17 mois m’a offert l’un des plus beaux câlins que j’aie reçu. Je crois qu’il a senti dans son petit cœur intuitif et pur que je pouvais l’aider. J’espère être à la hauteur de sa confiance en moi.
Marie-Emmanuelle Marchand, M. Sc., Orthophoniste
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