Asthme – otites à répétition – allergies saisonnières – reflux – Ces liens qui nous échappent

Tout a débuté par des observations cliniques. Les clients qui me consultaient pour traiter leur trouble myofonctionnel orofacial avaient souvent des symptômes pouvant s’apparenter à une dysfonction tubaire. Enfants et adultes. J’ai aussi observé des comorbidités avec les allergies saisonnières, le reflux gastro-oesophagien et l’asthme. Voici le fruit de certaines de mes recherches sur le sujet. Parce que oui, il a bien fallu que j’aille valider mes hypothèses et tenter de comprendre les liens que je pressentais.

Dysfonction tubaire et apnée obstructive du sommeil

Titre de l’étude: Increased eustachian tube dysfunction in infants with obstructive sleep apnea

Robison, J. G., Wilson, C., Otteson, T. D., Chakravorty, S. S., & Mehta, D. K. (2012). Increased eustachian tube dysfunction in infants with obstructive sleep apnea. The Laryngoscope, 122(5), 1170–1177. doi:10.1002/lary.22473

Objectifs/hypothèse : étudier la prévalence du dysfonctionnement de la trompe d’Eustache (ETD : Eustachian tube dysfunction) chez les nourrissons souffrant d’apnée obstructive du sommeil (AOS).

Conception de l’étude : examen rétrospectif des dossiers médicaux de nourrissons (âgés de 3 à 24 mois) diagnostiqués avec un AOS et une ETD.

Méthodes : 94 nourrissons ont été diagnostiqués avec un AOS par polysomnographie et ETD, comme déterminé par la réalisation d’une myringotomie et la mise en place d’un tube de ventilation (MT : myringotomie (ce qu’on appelle généralement, poser des tubes)). Les principales mesures de résultats étaient les données démographiques, l’indice d’apnée-hypopnée, les dates et le nombre de MT, les interventions pour le traitement de l’AOS et les comorbidités médicales.

Résultats : Sur les 295 nourrissons diagnostiqués avec un AOS, 94 (31,9 %) présentaient une ETD (dysfonction tubaire) concomitante. Au total, 135 procédures de MT ont été réalisées, avec 30 (31,9 %) patients subissant deux procédures ou plus. L’âge moyen de la première MT était de 16,3 mois pour ceux qui n’avaient subi qu’une seule MT et de 11,1 mois pour ceux qui avaient subi au moins deux interventions de MT. Il n’y avait aucune différence dans l’âge moyen du premier MT lorsqu’on analysait la gravité de l’AOS (15,6 mois, 14,2 mois et 14,6 mois pour l’AOS légère, modérée et sévère, respectivement). La première procédure de MT a été réalisée avant ou en même temps que le premier traitement de l’AOS chez 75 (80 %) patients. Sur les 137 interventions pour le traitement de l’AOS, 10 (45,5 %) interventions non chirurgicales et 75 (65,2 %) interventions chirurgicales n’ont pas nécessité d’autres procédures de MT par la suite.

Conclusions : La prévalence de l’ETD de 32 % chez les nourrissons atteints d’AOS est augmentée par rapport à la prévalence pédiatrique générale de 4 % à 7 %. Les patients se présentant pour une évaluation de l’AOS doivent également être évalués pour l’ETD. Les interventions chirurgicales pour le traitement de l’AOS ont entraîné une diminution du besoin de procédures supplémentaires de MT.

Titre de l’étude: Can the negative pressures found in obstructive sleep apnea and Eustachian tube dysfunction be related?

Objectif : L’association entre l’apnée obstructive du sommeil (AOS) et le dysfonctionnement de la trompe d’Eustache (ETD) est bien connue. Lorsque les deux existent chez un seul patient pédiatrique, l’un des coupables attendus est l’hypertrophie adénoïde. Les chercheurs émettent l’hypothèse, en revanche, que la pression pharyngée négative trouvée dans l’AOS pourrait être transmise à l’oreille moyenne sous forme de pression négative de l’oreille moyenne (MEP : middle ear pressure), ce qui entraînerait ensuite une pathologie. L’objectif de cette étude était de déterminer si les degrés d’AOS et de MEP sont associés lors de l’utilisation de la MEP comme mesure quantifiable de l’ETD.

Conception de l’étude : examen rétrospectif des dossiers. Cadre : Centre universitaire supérieur (janvier 2000 – janvier 2018). Sujets et méthodes : La relation entre l’indice d’apnée-hypopnée (IAH) et la MEP a été examinée. Un modèle non anatomique a été utilisé pour étayer la causalité.

Résultats : Trente-quatre patients pédiatriques et vingt-trois patients adultes ont été inclus dans l’analyse. REM AHI a montré une corrélation négative modérée avec la MEP chez les enfants (r = -0,265) et une faible corrélation positive avec la MEP chez les adultes (r = 0,171). Les enfants présentant un IAH dans la catégorie AOS sévère avaient un PEM moyen plus négatif que ceux de la catégorie légère (p = 0,36). Les adultes présentant un IAH dans la catégorie AOS sévère avaient un PEM moyen plus positif que ceux de la catégorie légère (p = 0,11).

Conclusion : Chez les enfants, la sévérité croissante de l’AOS est associée à un Middle Ear Presssure négatif, ce qui suggère que la pression négative associée à l’AOS peut être transmise à l’oreille moyenne. Chez les adultes, la sévérité croissante de l’AOS est associée à un MEP (Middle Ear Pressure) plus positif.

Reflux gastro-oesophagien, dysfonction tubaire et apnée obstructive du sommeil

Titre de l’étude: Gastroesophageal Reflux Disease: A Cause for Eustachian Tube Dysfunction in Obstructive Sleep Apnea

Yan, S., Wei, Y., Zhan, X., Yao, L., Li, X., Fang, F., & Xu, J. (2020). Gastroesophageal Reflux Disease: A Cause for Eustachian Tube Dysfunction in Obstructive Sleep Apnea. Ear, Nose & Throat Journal, 014556132093121. doi:10.1177/0145561320931219

Objectif : Explorer l’effet du reflux gastro-œsophagien (RGO) sur la fonction de la trompe d’Eustache chez les patients souffrant d’apnée obstructive du sommeil (AOS).

Méthodes : Il s’agissait d’une étude transversale. Les patients ont été répartis en 4 groupes selon l’AOS et le RGO : groupe OSAþGERD ; Groupe uniquement OSA ; Groupe réservé au RGO ; et groupe témoin normal.

Résultats : Il n’y avait aucune différence entre les 4 groupes concernant l’âge, le sexe, les antécédents de tabagisme et d’alcool (tous P > 0,05). Les patients des groupes OSA et OSAþGERD avaient un indice de masse corporelle significativement plus élevé que ceux des groupes témoin et RGO uniquement (tous P < 0,05). Les proportions de patients présentant des résultats ETS-7 et ETD-Q anormaux étaient plus élevées dans les groupes RGO et OSAþGERD que dans le groupe témoin (P < 0,008). Il n’y avait pas de différences significatives dans ETS-7 et ETD-Q entre les groupes témoins et les groupes OSA uniquement (P > 0,008). L’analyse multivariée a montré que seul le RGO était associé de manière indépendante à des résultats anormaux de l’ETS-7 (rapport de cotes ¼ 3,090, IC à 95 % : 1,332-7,169, P = 0,009).

Conclusion : Étant donné le taux élevé de concomitance chez les patients atteints d’AOS, le Reflux Gastro Oesophagien pourrait être un facteur d’association important du dysfonctionnement de la trompe d’Eustache chez les patients atteints d’AOS.

Cette étude suggère que le RGO est un facteur important provoquant des scores anormaux ETS-7 et ETD-Q chez les patients atteints d’AOS. Le taux plus élevé d’ETD (dysfonction tubaire) chez les patients atteints d’AOS (apnée obstructive du sommeil) peut être le résultat de l’incidence élevée du RGO (reflux gastro-oesophagien) dans l’AOS. L’apnée obstructive du sommeil est également un facteur qui ne peut être ignoré dans l’ETD. Néanmoins, cette étude n’a pas pu établir de causalité et des études sont encore nécessaires pour examiner ce point. Néanmoins, la signification clinique de cette étude est que pour les patients atteints d’AOS, prêter attention à leurs symptômes de RGO, à la fonction de la trompe d’Eustache et aux symptômes de l’oreille correspondants est d’une importance clinique, en particulier pour ceux qui souffrent de RGO.

Rhinite allergique, asthme et apnée obstructive du sommeil

Titre de l’étude: Extranasal Manifestations of Allergy in the Head and Neck

Mur, T., Brook, C. & Platt, M. Extranasal Manifestations of Allergy in the Head and Neck. Curr Allergy Asthma Rep 20, 21 (2020). https://doi.org/10.1007/s11882-020-00914-8

La rhinite allergique et l’asthme allergique sont des troubles chroniques des voies respiratoires bien décrits et courants, provoqués par l’inhalation d’allergènes réagissant avec des mastocytes sensibilisés sur les surfaces muqueuses du nez et des poumons. Au sein de la tête et du cou, il existe d’autres surfaces muqueuses moins étudiées qui sont également affectées par la sensibilisation des mastocytes aux allergènes aéroportés.

La couverture mucociliaire de l’épithélium respiratoire s’étend au-delà de la cavité nasale et des poumons pour inclure les sinus paranasaux, la trompe d’Eustache et l’espace de l’oreille moyenne, le larynx et certaines parties de la cavité buccale et du pharynx. Les mastocytes sensibilisés au sein de ces sites extranasaux de la tête et du cou entraînent des manifestations allergiques qui provoquent des symptômes spécifiques dans l’organe malade. Les manifestations extranasales de sensibilisation allergique au niveau de la tête et du cou affectent le larynx, l’oreille moyenne, la cavité buccale et le pharynx. Cette revue résume la littérature récente concernant les connaissances actuelles sur les manifestations extranasales de l’allergie à la tête et au cou.

L’allergie nasale a été proposée comme cause de l’otite moyenne sécrétoire chronique (OMCS). Ce trouble est lié au fonctionnement perturbé de la trompe d’Eustache. L’œdème allergique de la muqueuse nasale entraîne la libération de divers médiateurs et l’obstruction de la trompe d’Eustache. Ces médiateurs affectent directement la trompe d’Eustache en provoquant un gonflement et un œdème à l’intérieur de la trompe ou à l’ouverture du torus tubarius. Cela provoque à son tour une obstruction de la partie nasopharyngée de la trompe d’Eustache, provoquant une rétention de liquide dans l’oreille moyenne [Corey JP, Adham RE, Abbass AH, Seligman I.1994]. Zhang et coll. a réalisé une méta-analyse de 24 études évaluant les facteurs de risque d’otite moyenne chronique (COM) et d’otite moyenne récurrente (ROM) [Zhang Y, XuM, Zhang J, Zeng L, Wang Y, Zheng QY.2014].

Parmi les nombreux facteurs de risque constatés, l’allergie ou l’atopie augmentaient le risque de chronic otitis media (COM)/otite chronique and recurrent otitis media (ROM)/otite récurrente. Les auteurs ont noté que ces patients présentaient un risque relatif de développement de COM/ROM de 1,36 (intervalle de confiance à 95 % ; P = 0,001). Ils ont conclu que leur méta-analyse fournissait des preuves fiables selon lesquelles l’allergie et l’atopie sont des facteurs de risque importants de COM et de ROM.

Des études épidémiologiques récentes ont rapporté le lien entre l’otite moyenne avec épanchement et la rhinite allergique chez des enfants asthmatiques. Parmi elles, Kreiner-Møller et al. analysé les données obtenues auprès de 291 enfants au cours de la 6e année de vie dans le cadre des études prospectives de Copenhague sur l’asthme chez l’enfant (COPSAC) [Kreiner-Møller E, Chawes BL, Caye-Thomasen P, Bønnelykke K, Bisgaard H.2012]. Ils ont rapporté que la chronic otitis media with effusion (OME) avait été diagnostiquée chez 39 % de la cohorte et était significativement associée à la rhinite allergique.

Roditi et coll. ont utilisé les données de 1 491 045 375 visites pédiatriques de l’Enquête nationale sur les soins médicaux ambulatoires et de l’Enquête nationale sur les soins médicaux ambulatoires dans les hôpitaux, entre 2005 et 2010 [Roditi RE, Veling M, Shin JJ.2016]. Ils ont constaté que l’âge était un modificateur de l’effet associé entre la rhinite allergique et l’OME, et qu’une relation significative était observée chez les enfants de 6 ans et plus, alors qu’il n’y avait aucune association significative chez les enfants plus jeunes. Ces résultats sont également corroborés par Midgley et al. qui rapportent qu’il existe une diminution de la prévalence de l’OME avec l’âge et un effet saisonnier marqué sur la fréquence de l’OME [Midgley EJ, Dewey C, Pryce K, Maw AR, 2000]. Un lien entre la rhinite allergique et l’OME existe, mais l’effet de l’âge n’est pas encore clair.

Lin SY, Melvin TAN, Boss EF, Ishman SL. The association between allergic rhinitis and sleep-disordered breathing in children: a systematic review. Int Forum Allergy RH. 2013;3(6):504–9.

Les troubles du sommeil sont une plainte fréquente chez les patients atteints de rhinite allergique, plus que dans la population générale. Lin et coll. a réalisé une revue systématique de 25 ans de littérature pour déterminer l’association entre la rhinite allergique et les troubles respiratoires du sommeil chez les enfants [Lin SY, Melvin TAN, Boss EF, Ishman SL.2013]. Ils ont examiné 18 articles portant sur 27 015 patients. Deux tiers des publications ont démontré une association statistique entre la rhinite allergique et les troubles respiratoires du sommeil.

Il existe deux théories sur la relation observée entre les troubles respiratoires du sommeil et la rhinite allergique.

  • Le modèle obstructif décrit la contribution de l’obstruction nasale à l’obstruction globale des voies respiratoires observée dans l’apnée du sommeil avec des éveils et des réveils secondaires à l’obstruction.
  • Il existe également le modèle de dérégulation inflammatoire qui soutient l’idée selon laquelle les médiateurs inflammatoires circulants perturbent le sommeil à un niveau central. Le modèle obstructif prétend que l’allergie entraîne un œdème de la muqueuse nasale. L’œdème diminue le rayon net des voies respiratoires nasales, entraînant une résistance accrue et une respiration perturbée.

La respiration perturbée provoque des éveils nocturnes. Coincé et coll. a examiné cette théorie en recrutant 25 patients atteints de rhinite allergique saisonnière dans un essai clinique prospectif et contrôlé [Stuck BA, Czajkowski J, Hagner AE, Klimek L, Verse T, Hörmann K, et al.2004]. La somnolence diurne et la qualité de vie ont été évaluées à l’aide de questionnaires, notamment l’échelle de somnolence d’Epworth. De plus, 2 nuits consécutives de polysomnographie entièrement assistée ont été réalisées avant et pendant la saison pollinique.

L’étude a noté que l’augmentation de la somnolence diurne, du ronflement et de l’indice d’apnée-hypopnée (IAH) était liée aux allergies saisonnières. En ce qui concerne le modèle de dérégulation inflammatoire, plusieurs études ont montré que l’histamine affecte le cycle veille-sommeil. Le leucotriène D4 est associé à une augmentation du sommeil lent dans les études animales et l’IL-1, l’IL-4 et l’IL-10 sont associés à une diminution de la latence d’endormissement et à une diminution de la durée totale du sommeil paradoxal. Ni et coll. rapportent qu’il existe également une augmentation des cellules pro-inflammatoires et une diminution des cellules de tolérance immunitaire chez les enfants souffrant d’apnée obstructive du sommeil et de rhinite allergique par rapport à ceux atteints d’AOS uniquement [Ni K, Zhao L, Wu J, Chen W, Li X.2015 ].

Il a été observé que le traitement des symptômes allergiques et de la rhinite allergique chez les enfants améliore le SAOS léger chez l’enfant. Chan et coll. a réalisé un essai en double aveugle contrôlé par placebo comparant le furoate de mométasone intranasal à un placebo chez des enfants âgés de 6 à 18 ans atteints d’AOS léger [Chan CC, Au CT, Lam HS, Lee DL, Wing YK, Li AM.2015].

Le critère de jugement principal était l’évolution de l’IAH après 4 mois de traitement. Les auteurs ont conclu que le traitement par le furoate de mométasone intranasal réduit efficacement la gravité du SAOS léger chez les enfants.

Cette conclusion a été corroborée par les travaux de Liu et al., qui ont publié une méta-analyse d’essais contrôlés randomisés pour évaluer l’efficacité de la corticothérapie intranasale dans le traitement de l’apnée obstructive du sommeil [Liu HT, Lin YC, Kuan YC, Huang YH, Hou WH, Liou TH, et al.2016].

Cinq essais contrôlés randomisés ont été inclus, 3 pédiatriques et 2 adultes. Les critères d’inclusion incluaient les patients atteints d’AOS ; cependant, tous les patients n’ont pas reçu de diagnostic de rhinite allergique. Les résultats ont indiqué que la corticothérapie intranasale a un meilleur effet sur la diminution de l’IAH par rapport aux participants ayant reçu des placebos. Ils ont conclu que les patients ayant reçu une corticothérapie intranasale présentaient une amélioration significative de l’AOS. Bien qu’il existe de nombreuses informations dans la littérature concernant la relation entre l’apnée obstructive du sommeil et la rhinite allergique, aucune étude n’a clairement établi une relation causale entre ces deux entités.

Cependant, il a été démontré qu’un traitement approprié de la rhinite allergique améliore la qualité du sommeil et réduit la somnolence diurne chez les enfants et les adultes [Liu HT, Lin YC, Kuan YC, Huang YH, Hou WH, Liou TH, et al.2016]. Dans de nombreux cas, on a constaté une diminution de l’IAH de ces patients. Cette relation est devenue suffisamment significative pour que les lignes directrices de pratique clinique sur la rhinite allergique recommandent aux cliniciens d’évaluer les patients ayant un diagnostic clinique de rhinite allergique pour détecter la présence de troubles respiratoires du sommeil.

Le syndrome d’allergie orale (SAO), également connu sous le nom de « syndrome d’allergie au pollen et aux aliments », serait dû à une réactivité croisée avec des épitopes conservés présents à la fois dans le pollen et dans les fruits crus, les légumes crus, les épices, les noix et de nombreux autres aliments.

Les patients présenteront le plus souvent des démangeaisons dans la bouche et la gorge qui commenceront immédiatement lorsque la nourriture est placée dans la cavité buccale. Ces symptômes ont tendance à persister plusieurs minutes après l’ingestion de la nourriture. L’OAS survient le plus souvent chez les personnes ayant des antécédents d’allergies au pollen. En particulier, les patients allergiques au bouleau, à l’herbe à poux, à l’herbe à poux et à l’armoise peuvent tous être associés au syndrome d’allergie alimentaire au pollen, entraînant des réponses à un certain nombre d’aliments.

La manifestation extranasale de la sensibilisation allergique au niveau de la tête et du cou concerne le larynx, la cavité buccale, l’oreille moyenne et le pharynx. De plus, il a également été constaté que des pathologies telles que l’AOS étaient affectées par une sensibilisation allergique. Bien que ces troubles se manifestent généralement par une rhinite allergique et de l’asthme, les patients ne relient souvent pas leurs problèmes otologiques, laryngés, bucco-dentaires ou de sommeil à une maladie atopique. Un traitement supplémentaire au-delà du blocage de la cascade allergique est souvent nécessaire pour améliorer les symptômes liés à l’otite, à la laryngite et à l’apnée du sommeil. Les praticiens doivent avoir une compréhension complète des manifestations extranasales des maladies allergiques afin d’améliorer les soins prodigués aux patients qui souffrent de ces manifestations extranasales d’allergie au niveau de la tête et du cou.

Dysfonction tubaire et apnée obstructive du sommeil

Titre de l’étude: Eustachian tube dysfunction in candidates for surgery for obstructive sleep apnoea syndrome

Ungar OJ, Rosenzweig E, Betito HR, Cavel O, Oron Y, Handzel O. Eustachian tube dysfunction in candidates for surgery for obstructive sleep apnoea syndrome. The Journal of Laryngology & Otology. 2020;134(1):81-85. doi:10.1017/S002221512000002X

Le dysfonctionnement de la trompe d’Eustache est significativement pire chez les patients atteints du syndrome d’apnées obstructives du sommeil que chez les témoins. La pharyngoplastie du sphincter d’expansion n’est pas associée à une amélioration de la fonction de la trompe d’Eustache

Titre de l’étude: Eustachian tube evaluation in patients with obstructive sleep apnea syndrome

Magliulo G, de Vincentiis M, Iannella G, Ciofalo A, Manno A, Pasquariello B, Angeletti D, Pace A, Gulotta G, Polimeni A. Eustachian tube evaluation in patients with obstructive sleep apnea syndrome. Acta Otolaryngol. 2018 Feb;138(2):159-164. doi: 10.1080/00016489.2017.1385846. Epub 2017 Oct 9. PMID: 28990834.

Les différences de pression entre l’oreille moyenne et le conduit auditif externe (CAE) sont normalement égalisées par la trompe d’Eustache (TE), qui relie l’oreille moyenne à l’arrière de la gorge de chaque côté. L’ET est généralement fermé, mais s’ouvre pour permettre l’égalisation de la pression de l’oreille moyenne (MEP : middle ear pressure) [Magliulo G, Ciniglio Appiani M, Porcaro M, et al. 2012 ; Swarts JD, Alper CM, Luntz M et al. 2013]. Pendant le sommeil, le MEP pourrait subir des variations de pression dues à une modification de la physiologie de l’ET [Magliulo G, Ciniglio Appiani M, Porcaro M, et al. 2012 ; Swarts JD, Alper CM, Luntz M et al. 2013].

La fonction compromise de la trompe d’Eustache est communément appelée dysfonctionnement de la trompe d’Eustache (ETD). Les manifestations cliniques de l’ETD sont une plénitude auditive, une otalgie et/ou une perte auditive ou pourraient être une condition « latente », comme l’ont récemment rapporté certaines études sur la fonction de la trompe d’Eustache [Magliulo G, Ciniglio Appiani M, Porcaro M, et al. 2012 ; Swarts JD, Alper CM, Luntz M et al. 2013 ; Iannella G, Lucertini M, Pasquariello B et al.2017 ; Magliulo G, Iannella G, Granata G et al.2016].

Dans notre pratique clinique, nous avons observé que de nombreux patients atteints d’AOS qui venaient dans notre centre pour des troubles d’apnée du sommeil rapportaient les symptômes d’ETD ci-dessus. Parfois chez ces patients, un diagnostic clinique d’ETD, d’otite moyenne avec épanchements et/ou poches de rétraction tympanique a été posé. À notre connaissance, aucune étude n’a jusqu’à présent spécifiquement étudié cet aspect chez les patients atteints d’AOS, même s’il est bien connu que plusieurs patients atteints d’AOS souffrent de pathologies oro-nasales et d’autres comorbidités telles que l’obstruction nasale, la rhinosinusite chronique et le reflux gastro-œsophagien [Pinto JA, Ribeiro DK, Cavallini AF, et al. 2016 ; McNicholas WT, Tarlo S, Cole P et coll. 1982] qui sont également considérés parmi les facteurs pathogénétiques d’une ETD [Bakhshaee M, Ardakani HP, Ghazizadeh AH, et al. 2016 ; Dogru M, Kuran G, Haytoglu S et al.2015]

Selon notre pratique clinique, certains patients atteints d’AOS pourraient présenter plusieurs pathologies otologiques (otite moyenne avec épanchements, rétraction du tympan et/ou symptômes) compatibles avec un dysfonctionnement de la trompe d’Eustache. Cependant, à ce jour, aucune étude évaluant l’ETD (Eustachian tube dysfunction) chez les patients adultes atteints d’AOS n’a été rapportée.

Seuls Robison et al. [Robison JG, Wilson C, Otteson TD et al. 2012], dans une étude rétrospective, a évalué l’incidence de l’ETD chez les nourrissons souffrant d’apnée obstructive du sommeil. Ils ont utilisé le PSG pour diagnostiquer l’AOS, tandis que la présence d’ETD a été déduite de la réalisation d’une myringotomie avec mise en place d’une sonde tympanostomie (MT). Une prévalence d’ETD a été estimée chez 31,9 % de ces jeunes patients atteints d’AOS, significativement supérieure aux 4 à 5 % attendus pour cette tranche d’âge dans la population pédiatrique générale [Robison JG, Wilson C, Otteson TD, et al. 2012].

La relation entre l’oreille moyenne, le nasopharynx et la cavité nasale a été étudiée dans de nombreuses études [Swarts JD, Alper CM, Luntz M, et al. 2013 ; Bakhshaee M, Ardakani HP, Ghazizadeh AH et al. 2016 ; Dogru M, Kuran G, Haytoglu S et al. 2015]. À cet égard, certains auteurs affirment qu’une ventilation incorrecte de l’oreille moyenne est due à un passage d’air inadéquat à travers la cavité nasale et le nasopharynx. Ainsi, un nez bouché est considéré par de nombreux auteurs comme l’un des principaux facteurs pouvant prédisposer à un dysfonctionnement de la trompe d’Eustache. Enfin, il faut considérer que tout facteur provoquant une inflammation de la muqueuse du rhinopharynx peut également provoquer une phlogose et/ou un gonflement de la muqueuse de l’orifice de la trompe d’Eustache qui, par conséquent, pourrait ne pas être ouverte suffisamment et rapidement. Lazo-Saenz et al. [Lazo-S aenz JG, Galv an-Aguilera AA, Martınez-Ordaz VA, et al. 2005] ont démontré que la fonction ET (fonction du tube d’Eustache) chez les enfants est fortement corrélée aux pathologies inflammatoires nasales. Dans une étude ultérieure, Bakhshaee et al. [2016] ont rapporté que les symptômes subjectifs de l’ETD, tels que la perte auditive et la plénitude auditive, le tympanogramme plat et les tests de Toynbee et Valsalva perturbés, étaient significativement plus élevés parmi la population de patients souffrant de rhino-sinusite chronique. Les patients souffrant d’apnée obstructive du sommeil présentaient souvent une obstruction nasale sévère, une sinusite chronique et/ou un déficit de clairance mucociliaire nasale avec une stagnation nasopharyngée des sécrétions [Pinto JA, Ribeiro DK, Cavallini AF, et al. 2016 ; McNicholas WT, Tarlo S, Cole P et coll. 1982 ; Robison JG, Wilson C, Otteson TD et coll. 2012, lsen KD, Kern EB, Westbrook PR. 1981].

Sans surprise, vous comprendrez que j’ai passé des heures sur ce compte rendu. J’espère qu’il trouvera échos et contribuera à expliquer les liens cliniques (et scientifiques) entre otites, rhinites, allergies, asthme et troubles myofonctionnels et du sommeil.

Marie-Emmanuelle Marchand, M.Sc., Orthophoniste experte en myofonctionnel

Références

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