Dysfonction temporo-mandibulaire ou quand ça fait claque en ouvrant la bouche

Les fonctions stomatognathiques — mastication, déglutition, respiration et parole — ont des visées vitales et sociales. Les altérations/dysfonctionnements de l’apparence, de la posture et/ou de la mobilité des lèvres, de la langue, de la mandibule et des joues et des fonctions stomatognathiques sont définis comme des troubles myofonctionnels orofaciaux (TMO) (Felicio & Ferreira, 2008). Ces troubles sont traités par les orthophonistes.

Les TMO peuvent déséquilibrer la fonction des articulations temporo-mandibulaires (ATM) entre autres parce que les stimuli nociceptifs provenant de l’occlusion et/ou de l’ATM peuvent générer des comportements musculaires compensatoires (Williamson et al, 1990 ; Bianchini et al., 2007 ; Felicio et al, 2008).

La présence d’une douleur à l’ATM de longue date est associée à une altération fonctionnelle marquée (Bakke & Hansdottir, 2008). Ce sont ces fonctions qui sont visées par la TMO en orthophonie. Cela dit, le traitement le plus fréquemment utilisé pour l’ATM demeure la plaque occlusale/mouth piece (Okeson et Hayes, 1986 ; Kreiner et al., 2001 ; Magnusson et al., 2004, Klasser & Green, 2009). Son mécanisme d’action est attribué à l’interruption temporaire de l’information nociceptive, induisant un équilibre musculaire avec un positionnement mandibulaire plus favorable à l’ATM (Ramfjord, 1994).

Pourtant, l’exercice et les thérapies manuelles sont couramment utilisés pour gérer l’ATM en combinaison avec une plaque occlusale ou seuls, (McNeely, 2006) comme stratégie de contrôle des fonctions physiologiques associées à la douleur (Carlson, 2001). La thérapie myofonctionnelle bucco-faciale (TMO), une modalité de thérapie par l’exercice, est suggéré dans différentes études pour la gestion de la dysfonction temporo-mandibulaire (DTM) (Funt et al., 1985 ; Felicio et al., 1991 ; Sasaki & Shibasaki, 1994 ; Micheloti et al., 2005) afin d’équilibrer les muscles orofaciaux et de favoriser l’exécution des fonctions stomatognathiques (Felicio et al., 2008).

Parmi ces preuves scientifiques…

1. La TMO a eu les effets positifs suivants chez les patients traités : (a) une réduction significative de la sensibilité à la douleur à la palpation de tous les muscles étudiés mais pas pour les ATM ; (b) des mesures accrues de l’amplitude de mouvement mandibulaire; (c) diminution des scores Di et Ai de Helkimo, (d) diminution de la fréquence et de la gravité des signes et symptômes ; et (e) des scores accrus pour les affections myofonctionnelles orofaciales (de Felicio et coll., 2010).

2. La thérapie myofonctionnelle orale s’est avérée efficace pour le traitement des troubles temporo-mandibulaires, seule ou associée à d’autres traitements (Melis, di Giosia, Zawawi, 2019 (syst. review).

Pourquoi j’écris cet article? Parce que j’ai des clients qui me consultent spécifiquement à la demande de leur dentiste spécialiste pour rééquilibrer les muscles et rééduquer les fonctions avant l’introduction d’une plaque occlusale, mais aussi parce que la phrase :  »C’est peut-être juste un adonc, mais j’ai plus mal à ma mâchoire depuis qu’on a commencé’’ est devenue récurrente. J’ai voulu creuser un peu le sujet et l’éclairer pour que ce soit reconnu. Oui, l’orthophonie ça peut aussi servir à pouvoir ouvrir la bouche sans douleur, craquements, claquement, mais surtout suffisamment grande pour manger un hamburger tout garni. 

 

Extraits de cet article, librement traduits de di Felicio et al., 2010

 

Marie-Emmanuelle Marchand, M. Sc., Orthophoniste

www.monorthophoniste.com

info@monorthophoniste.com

 

 

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