Les fameuses listes de vocabulaire

L’école a repris cette semaine et avec le contexte de pandémie, on ne sait pas à quoi s’attendre. La seule chose que l’on peut prédire, par contre, c’est que nos plus jeunes auront des listes de vocabulaire à apprendre. Je fais ici un aparté parce que je ne peux m’en empêcher. Cette méthode par thématique (à l’halloween on apprend les mots sorcière, squelette et citrouille) employée actuellement ne correspond malheureusement pas à ce qui est recommandé. La littérature scientifique démontre qu’il serait plus efficace et (pertinent!) que les mots soient appris selon deux facteurs : 1) leur fréquence dans la langue, 2) une microgradation des correspondances grapho-phonémiques (lettre ou groupe de lettres qui forment un son) du plus simple au plus complexe. Les intéressés peuvent aller lire Sprenger-Charolles, L. (2017). Une progression pédagogique construite à partir de statistiques sur l’orthographe du français.

Maintenant que c’est dit, si vous n’êtes pas prof de français ou un enthousiaste de l’orthographe (je ne juge personne) et que vous êtes parent, continuez à lire, ça devient intéressant à partir d’ici.

 

Ce mois-ci, deux nouvelles études sont parues sur l’apprentissage du vocabulaire (voir les références en bas de page). Constat no. 1, cet apprentissage doit être explicite. C’est-à-dire qu’il ne suffit pas de croiser le mot écrit de temps à autre pour apprendre et surtout retenir son orthographe. Mais comment rendre les listes de vocabulaire intéressantes? C’est à ça que je viens.

  1. Avec les lettres du Scrabble ou du Bananagram (ou des post-its, soyez créatifs), on s’amuse à former les mots.
  2. On lit un passage d’un livre à la recherche du mot en question (lecture à voix haute en prime).
  3. L’enfant doit compléter des phrases à trou en y insérant un des mots de sa liste. Faites-le à l’oral si vous êtes dans la voiture ou entrain de préparer le souper. La sorcière et son ami le squelette (que l’enfant doit épeler ou écrire) se promènent dans un parc.
  4. On fait des schémas comme des toiles d’araignée entre les mots ex. : blanchissement et lié à blanc et blancheur, mais on peut relier blancheur à lavage ou dentition, qu’on reliera ensuite à dentifrice et soie dentaire. De là, ver à soie peut mener à douceur et douceur à bébé. Il suffit de voir un lien morphologique (blanc dans la même famille que blancheur) ou sémantique (soie et douceur). Ça peut être amusant de voir comment on peut se rendre, comme dans le présent exemple, de blanchissement à bébé.
  5. On écrit le mot dans son contexte, soit dans une phrase. On peut jouer avec l’enfant à celui qui formulera la phrase la plus farfelue (ex. : le crocodile déambule sur ma langue).
  6. Finalement, trouvez une définition aux mots dans vos propres termes. Il ne s’agit pas de jouer au dictionnaire ici, seulement de résumer comment nous on comprend ce mot. Voici un exemple : pour moi, douceur est une sensation physique liée au plaisir, comme si le tissu était bienveillant et ne voulait pas me brusquer.

Voilà! J’espère que cet article sera utile à certains lorsque les listes de vocabulaire feront rouler les yeux de nos enfants au moment des devoirs et leçons.

Votre orthophoniste de proximité,

Marie-Emmanuelle Marchand

Dixon, C., Thomson, J., & Fricke, S. (2020). Evaluation of an explicit vocabulary teaching intervention for children learning English as an additional language in primary school. Child Language Teaching and Therapy. https://doi.org/10.1177%2F0265659020925

Helman, A., Dennis, M.S., & Kern. L. (2020). Clues: Using generative strategies to improve science vocabulary of secondary English learners with reading disabilities. Learning Disabilities. https://doi.org/10.1177%2F0731948720929005

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