Mes réponses à vos questions

  1. questionsMon enfant de 3 ans ne parle par franc, est-ce normal?
  2. Mon enfant a 2 ans, est-il trop jeune pour voir un orthophoniste?
  3. Avant cette année, ça allait bien à l’école pourquoi là il n’y arrive plus?

Toutes ces questions sont valables et reflètent la difficile tâche des parents quant au langage. On leur dit de ne pas comparer leur enfant, mais aussi d’être en mesure de dépister les retards et difficultés sans attendre. Tout le monde a son mot à dire. À la première question, l’éducatrice en garderie vous répondra que ça rentrera dans l’ordre tout seul, votre belle-maman vous dira que c’est parce qu’il est gêné et votre conjoint vous dira qu’il ne voit pas le problème. Quelqu’un se reconnait? Je dresse un portrait un peu caricatural, mais pas tant que ça.

Aux parents qui me posent la question, j’offre une rencontre d’évaluation des besoins. Cette rencontre informelle est l’opportunité de discuter ensemble, de vous fournir une impression « à chaud » des productions de votre enfant et de déterminer la suite des choses. Parfois cette rencontre est la seule que j’aurai avec des clients et c’est tant mieux! Je veux comme vous, aider vos petits à mieux communiquer.

Cela dit, je crois qu’il serait intéressant de faire l’exercice de répondre ici à ces questions fréquentes. Voici donc ce que je répondrais à un parent qui me pose la question.

  1. Mon enfant de 3 ans ne parle par franc, est-ce normal?

À cette question, je répondrais d’abord « que voulez-vous dire par franc? », de sorte à parler des mêmes choses. « Est-ce qu’il change des sons dans ses mots ex. : tamion plutôt que camion, est-ce qu’il répète des bouts de mot ex. : ca-ca-camion ou est-ce qu’il prononce les mots de plusieurs façons ex. : camion, tamion, lamion, tation? » Ces questions permettront de préciser votre question afin de vous donner la bonne information. Les difficultés observées par l’entourage peuvent être de sources différentes et seul l’orthophoniste est en mesure de déterminer laquelle.

Maintenant, il faut savoir que certains enfants sont plus à risque de présenter des difficultés. C’est le cas pour les enfants issus de parents (ex. : parents biologiques bien-sûr, mais éloignés aussi tels que cousins, grand-parents, oncles etc.) qui ont eu des difficultés (bégaiement, dyslexie, trouble/retard de langage) même non diagnostiquées. C’est aussi le cas des enfants prématurés ou présentant un TDAH. De fait, le trouble déficitaire de l’attention est souvent en comorbidité c.-à-d. présent en même temps qu’un trouble d’apprentissage. C’est aussi le cas des enfants qui ont des bouchons de cire dans les oreilles à répétition, ou un historique d’otites moyennes.

Pour savoir quand consulter un orthophoniste, vous pouvez consulter le document Je grandis, Je communique, de l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ). Destiné aux parents, il permet de rapidement situer la communication d’un enfant, et ce,  de la naissance à l’âge de 5 ans.

  1. Mon enfant a 2 ans, est-il trop jeune pour voir un orthophoniste?

Un orthophoniste est en mesure de juger du développement de la communication très tôt. Dès les premiers mois, il est possible de reconnaitre des signes de retard sur le plan de la communication. De fait, bien avant qu’il parle, le bébé communiquera (ex. : gestes, pleurs, regard, sons, bruits …).

Cela dit, nous attendons généralement 18 mois avant d’évaluer un enfant en clinique. L’apparition des premiers mots se faisant vers 12 mois, à 18 mois nous avons plus de matériel pour juger du développement langagier et non pas uniquement de la communication (terme plus général englobant les intentions et les gestes) de votre enfant.

Il ne faut pas oublier qu’une intervention précoce est cruciale chez les enfants de sorte à profiter de la plasticité cérébrale, mais aussi afin d’éviter que l’écart ne se creuse entre lui et ses pairs. Finalement, des troubles peuvent apparaitre dans la petite enfance et l’intervention précoce permet généralement de diminuer leur impact sur le développement de l’enfant.

  1. Avant cette année, ça allait bien à l’école pourquoi là il n’y arrive plus?

Pour le contenu des matières, il y a la « Progression des apprentissages », comme on l’appelle. En d’autres mots, on apprend les choses lorsqu’on est disposé à les apprendre, lorsque notre raisonnement s’est développé, notre capacité d’emmagasiner et de récupérer l’information, bref, quand notre développement  le permet. Or, on passe rapidement d’apprendre à lire à lire pour apprendre. Avec le passage des ans, le langage se complexifie et avec lui les tâches qu’on doit accomplir. Avec ces défis qui augmentent, il arrive que l’enfant qui parvenait à compenser ses difficultés lorsque la tâche était plus simple n’y arrive plus. C’est alors qu’on remarque le problème, mais je vous assure que dans les cas de trouble d’apprentissage, le problème n’apparait pas réellement. Au contraire, il fait partie intégrante du développement de l’enfant, seulement, avant nous ne le voyions pas. Aussi, comme les troubles d’apprentissage sont évolutifs, les manifestations changent et se mutent, rendant encore plus difficile leur identification. C’est pour cela, entre autres, que nous sommes formés si rigoureusement.

Voilà, en espérant que cette lecture ait été pertinente pour vous.

En fonction de vos commentaires, je pourrai refaire l’exercice avec d’autres questions alors n’hésitez pas à me dire si vous avez apprécié ou à me poser vos questions dans l’espace commentaire créé à cette fin.

Cordialement,

Marie-Emmanuelle Marchand, M. Sc., orthophoniste

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