La dyslexie fait partie de ces atteintes qui font couler beaucoup d’encre. Il y a différentes écoles de pensées et multitudes de recherches sur le sujet. Il n’est pas toujours évident de s’y retrouver, même pour les initiés. J’ai pensé mettre ici une récente étude sur le sujet parce qu’il s’agit d’une véritable percée scientifique permise, entre autres, par l’Imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRM-Fonctionnelle). Voici donc le résumé qu’en fait Radio-Canada. Pour les plus aventureux, l’article complet peut être téléchargé ici.
Dyslexie : le cerveau mal connecté?
La difficulté à lire et à saisir le langage, appelée dyslexie, résulterait d’une mauvaise connectivité entre certaines régions du cerveau, affirment des chercheurs belges.
Ces travaux, menés par l’équipe du psychologue clinicien Bart Boets de l’Université catholique de Louvain, jettent un éclairage sur l’origine de ce trouble neurologique.
Contexte
De 8 % à 12 % de la population éprouve de la difficulté avec l’alphabet, la lecture, l’écriture et l’épellation, en dépit de méthodes d’enseignement traditionnelles, d’une influence positive du milieu socioculturel et d’une intelligence moyenne à supérieure. La dyslexie est probablement d’origine génétique et représente plus de 80 % de l’ensemble des troubles de l’apprentissage.
Depuis plusieurs décennies, la majorité des chercheurs dans le domaine attribuent ce trouble à une représentation mentale défectueuse des mots, notamment des phonèmes, les éléments sonores distinctifs du langage. D’autres pensent que les personnes dyslexiques présentent des troubles de l’attention visuelle.
Pour confirmer la première hypothèse, l’équipe belge a observé 45 étudiants, dont 23 étaient sérieusement dyslexiques, à l’aide d’un système d’imagerie par résonance magnétique. L’objectif était de réaliser des images en 3D de leur cerveau lorsqu’ils écoutaient différentes séries de sons.
Ainsi, il a été possible pour les chercheurs d’obtenir une bonne signature neuronale des représentations phonétiques des sons écoutés.
Les participants devaient écouter une série de différents sons, par exemple ba-ba-ba-ba et da-da-da-da. Ils devaient ensuite trouver ce qui était différent. Cet exercice demande une bonne représentation mentale des différents phonèmes, estiment les auteurs de ces travaux publiés dans la revue Science.
Résultats
Les réponses du groupe des dyslexiques et l’intensité de leurs réactions neuronales étaient parfaitement semblables à celles du groupe témoin.
De plus, leurs représentations phonétiques mentales étaient parfaitement intactes.
Seule différence notable : les participants dyslexiques étaient environ 50 % plus lents à répondre que les autres.
Après l’analyse de l’ensemble de leur activité cérébrale, les chercheurs ont constaté que les dyslexiques avaient une moins grande coordination entre 13 régions du cerveau qui traitent les sons élémentaires et l’aire de Broca.
Cette zone cérébrale est en grande partie responsable du traitement du langage.
D’autres analyses ont révélé que plus la coordination entre ces régions du cerveau était faible, plus lente était la réponse des participants.
«Cela montre que la cause de la dyslexie ne réside pas dans une mauvaise représentation mentale des phonèmes, mais bien par un accès défectueux à ces sons de la zone du cerveau qui assure le traitement des sons.»- Auteurs
L’expert français Frank Ramus, qui n’a pas participé à ces travaux, pense que cette recherche est la plus concluante depuis cinq ans sur la dyslexie. Il pense que si ces résultats se confirment, ils modifieront profondément notre compréhension de la dyslexie.
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