Respire par le nez, tu me fais peur!

Infini — Wikipédia

On savait déjà que les humains modifient leurs schémas respiratoires en réponse à des stimuli émotionnels (Boiten, 1998) et à un effort cognitif (Evans et al., 2009; Vlemincx et al., 2011; Huijbers et al., 2014). Par exemple, la phase du cycle respiratoire humain se verrouille aux présentations de stimulus pendant l’encodage de la mémoire (Huijbers et al., 2014), et la variabilité respiratoire est réduite au cours de charge mentale importante et de tâches attentionnelles (Vlemincx et al., 2011). Mais ce qu’on ignorait avant Zelano et al., (2016), c’est que le mode de ventilation (nasal vs buccal) est directement lié au fonctionnement de notre cerveau. 

Je vais tenter d’être claire. On me dit que je sais vulgariser, voilà un bon test, parce que franchement, c’est du costaud.

À l’aide de mesures poussées (EEG intra-crâniennes sur sujets humains), Zelano et ses collègues ont constaté que la respiration naturelle par le nez synchronise l’activité électrique dans le cerveau. Où précisément? Dans trois régions: le cortex piriforme (olfactif) , ainsi que dans les zones cérébrales limbiques (aussi appelé système limbique), notamment l’amygdale et l’hippocampe.

La respiration entraîne des oscillations à haute fréquence dans le cortex piriforme, l’amygdale et l’hippocampe. Quand les oscillations sont à leur summum, notre inspiration par le nez est à son apogée. Les deux sont synchros! Je redis ça, juste pour pas en échapper certains. La respiration naturelle par le nez est synchronisée avec les oscillations (fréquences mesurables) dans certaines régions de notre cerveau. L’un monte, l’autre monte. L’un descend, l’autre suit. Là, je pense à Sylvie Fréchette, la nageuse synchronisée Québécoise. Mon cerveau fait des associations. Il est bon là-dedans. Vous la connaissez peut-être pas, alors hop, une photo!

Maintenant que c’est fait, on revient au sujet. Pour les visuels, regardez-ça. Ce sont les images EEG (électro-encéphalographe). Première colonne, lorsque la ventilation était nasale, deuxième colonne, buccale. Vous voyez la différence?!?!?!?!

 

Section : Ben voyons dont, je savais pas ça!

Déclaration choc no. 1: Les oscillations lentes du cortex piriforme humain sont synchronisées avec une respiration naturelle par le nez

Déclaration choc no. 2: On est plus rapide à discriminer les émotions sur le visage d’autres personnes lorsqu’on ventile par le nez que lorsqu’on ventile par la bouche.

Je suis orthophoniste alors ici, je pense trouble du spectre de l’autisme. Ce n’est pas ma clientèle, mais j’en ai assez vu pour savoir qu’ils ont souvent un trouble myofonctionnel d’associé, donc une ventilation buccale. Est-ce qu’on pourrait croire que la ventilation buccale nuit à la pragmatique sur la base de cette étude? Non, c’est pas suffisant. Est-ce que ça résonne et sonne des cloches invisibles dans mon cerveau? OUI!

Déclaration choc no. 3: Notre fonctionnement cognitif et notre mémoire sont meilleurs lorsqu’on ventile par le nez, même si c’est pour une tâche spécifique.

Donc la personne qui respire par la bouche à longueur de temps serait quand même plus performante (capacité de rappel de stimuli visuels) si elle ventile par le nez durant la tâche. Donc, étudiant-es, à vos nez!

Déclaration choc no. 4: Le détournement de la respiration nasale vers la bouche a entraîné une désorganisation de la synchronisation oscillatoire limbique dans ces trois régions du cerveau : cortex piriforme, amygdale et hippocampe.

Pause ici pour informer mes lecteurs (je pense à vous) sur le système limbique. Parce que franchement, on parle pas de ça tous les jours.

Qu’est-ce que le système limbique?

Le système limbique est composé d’un ensemble complexe de structures situé au milieu du cerveau. Il comprend l’hypothalamus, l’amygdale et plusieurs autres parties à proximité. L’hypothalamus est l’une des parties les plus sollicitées du cerveau et fonctionne comme un thermostat. Il s’occupe de l’homéostasie, i.e. gérer le point d’équilibre des différents processus physiologiques inconscients.  Il régularise entre autres la faim, la soif, la réaction à la douleur, les degrés de plaisir, la satisfaction sexuelle, la colère et le comportement agressif.

Déclaration choc no. 5: La route respiratoire (nez vs bouche) a une influence significative sur la discrimination émotionnelle (discrimination peur vs surprise) et la mémoire (rappel de stimuli visuels).

Pour être claire, on est plus apte à faire la différence entre un visage surpris vs un visage en colère lorsqu’on ventile par le nez durant la tâche.

On se rappelle de davantage d’images/symboles lorsqu’on ventile par le nez durant la tâche. C’est pas étonnant tout ça?

Déclaration choc finale, ou coup de massue virtuel et symbolique: Le rythme respiratoire a un impact direct sur l’activité neuronale du cerveau. Plutôt qu’une cible passive, la phase de respiration naturelle est activement utilisée pour promouvoir la synchronisation oscillatoire et optimiser le traitement de l’information.

En bon Québécois, je suis flabergastée. Pour mes amies Européennes, ça veut dire étonnée ++

En conclusion, je vous laisserai sur ceci: Respirer par la bouche crée un patron de respiration superficiel (moins d’air entre), on respire alors plus vite. À la lumière des infos présentées ci-haut, c’est pas bon pour les nerfs parce que ça dérégule le système limbique qui est responsable de les gérer ces nerfs!

Aussi, avec les années, le ventilateur buccal perd de la souplesse dans les muscles intercostaux et du diaphragme. Sa capacité pulmonaire s’en trouve réduite graduellement. Ça débuterait dans la trentaine. Mais rien n’est irréversible, les organes, s’ils sont entraînés, s’adaptent (certains même, se régénèrent, comme les poumons). Pour en apprendre plus sur l’incroyable capacité de régénération des poumons, suivez ce lien: https://www.journaldemontreal.com/2020/03/08/lincroyable-capacite-de-recuperation-des-poumons-apres-larret-du-tabagisme

Comme toujours, merci de me lire et de commenter. Je suis la seule à être étonnée de tout ça? Je m’emballe toute seule ou d’autres sont avec moi?

 

Références:

Zelano C, Jiang H, Zhou G, Arora N, Schuele S, Rosenow J, Gottfried JA. Nasal Respiration Entrains Human Limbic Oscillations and Modulates Cognitive Function. J Neurosci. 2016 Dec 7;36(49):12448-12467. doi: 10.1523/JNEUROSCI.2586-16.2016. PMID: 27927961; PMCID: PMC5148230.

 

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