L’éveil de l’écrit à la bibliothèque

La bibliothèque. J’y vais une fois par semaine, plus souvent encore en période estivale ou quand j’ai un auteur dans la mire. L’excitation commence au coin de la rue, augmente lorsque je me stationne et est à son comble une fois les portes à double battant franchies. Au loin, derrière le comptoir, il me semble voir les employés me reconnaitre, quelque chose dans leur expression change, j’ai le sentiment qu’ils me saluent silencieusement avant de reprendre leur activité.

J’adore aller à la bibliothèque municipale! C’est mon royaume, intellectuelle que je suis. Quand j’y vais, j’y passe facilement une heure, je remplis ma carte d’abonnée de documents divers (mais soyons francs, surtout de romans) et je m’en retourne avec mon précieux butin à la maison. Sur le chemin du retour, j’essaie de prioriser mes lectures; par lequel vais-je commencer, lequel m’inspire le plus aujourd’hui, quelles raisons ont motivé l’emprunt de celui-ci ou de cet autre… Je me visualise déjà dans mon fauteuil préféré, un thé qui infuse à mes côtés et le livre élu avec grand soin à la main. Je pourrais débiter longtemps sur la qualité de nos bibliothèques, la récence, la variété et la quantité des livres et documents disponibles, mais je vais m’arrêter ici parce que ce n’est pas l’objet de ce billet.

Je crois que le Savoir est en grande partie dans les livres, mais avant de lire pour apprendre, il faut apprendre à lire. Il est donc tout indiqué de familiariser nos enfants avec les livres. Mais à quel âge doit-on commencer? Comment s’y prendre pour que nos histoires du soir soient adaptées à l’âge de notre enfant, le stimule et l’intéresse? L’utilisation des livres, qui plus est de ceux de la bibliothèque, est le véritable sujet de ce billet.

 

Suggestions pour développer l’intérêt de la lecture à la bibliothèque

  • 0-2 ans :
    • Empruntez des livres en cartons permettant à l’enfant de les manipuler sans risque. Laissez-le découvrir les pages, le sens dans lequel s’ouvre un livre, l’odeur, les dessins, les coins qui piquent… Laissez votre enfant apprivoiser ce médium de manière autonome d’abord.
    • Une fois l’exploration faite, lisez-lui le titre et commentez la couverture, les dessins, l’épaisseur du livre, son format, faites des prédictions sur l’histoire et les personnages. Prenez le temps! Ce n’est pas qu’une fois le livre ouvert que l’histoire commence, pour votre tout-petit, c’est déjà commencé! Son esprit essaie de comprendre ce que vous dites, il essaie de déduire s’il s’agit d’un lapin ou d’un renard sur la couverture, il s’imagine déjà ce que le renard va faire et se questionne.
    • Variez les lecteurs. La grande sœur peut très bien lire un bout, ou alors papa, mamie, tata. Différents lecteurs auront différentes façons de lire, différentes voix. Ça permettra d’affiner les représentations phonologiques de votre enfant. En clair, il distinguera mieux les sons s’il les entend prononcés par différentes personnes (et donc différentes voix et mode articulatoire).
    • Assistez à l’heure du conte de la bibliothèque de votre quartier. En plus de vous donner des idées pour faire prendre vie aux personnages lorsque c’est vous qui contez l’histoire à la maison, c’est un moment qui permet d’entrer avec votre enfant dans l’histoire. Vous êtes alors tous les deux des témoins. Ayez des réactions, faites le saut, cachez-vous la face dans vos mains, montrez à votre enfant que la lecture transporte et fait vivre toute une gamme d’émotions. Aussi, après avoir écouté ensemble une histoire, discutez-en au retour à la maison, imitez le personnage principal, refaites les bruits qu’a faits le conteur…
    • Un livre audio est une autre façon d’apprécier une histoire. L’avantage est de permettre au parent d’être lui aussi spectateur. Cela permet également de nourrir une imagerie mentale, importante dans le développement d’un enfant.
  • 2-5 ans :
    • Parcourez les rangées avec votre enfant. Je sais que la tentation est forte d’y aller seule pour être plus efficace et ne pas avoir à courir après votre bel amour qui fait du bruit, mais ne perdez pas de vue l’objectif. On veut donner à votre enfant le gout de lire. Un gros avantage constitue de le laisser explorer et choisir lui-même certains documents.
    • Laissez-vous aller à la nostalgie. Bien que l’attrait des nouveautés soit fort, il peut être intéressant de se replonger dans un conte qu’on appréciait lorsqu’on était enfant. Ou alors un très vieux conte avec des images moins définies, un vocabulaire moins commun de nos jours. C’est alors une occasion parfaite pour partager avec notre enfant les souvenirs qu’on garde lorsqu’on avait leur âge. Mettez à profit les grands-parents, les albums photo, les vieux livres de bébé…
    • À découvrir aussi, le portail des jeunes, du site de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec. C’est gratuit et on y trouve plusieurs ressources, dont des contes audios (préenregistrés). À écouter sans modération. Voir le banq.qc.ca.
  • 5 ans et + :
    • Votre chat Pantoufle est mort, grand-maman est malade, votre famille déménage, votre enfant reçoit un diagnostic de TDA-H? Toutes ces situations sont éprouvantes pour votre enfant. Un livre qui explique dans des mots simples ces sujets délicats est souvent un moyen facilitant lorsque vient le moment d’aborder ces évènements. Les expériences positives et négatives font partie intégrante de la vie de votre enfant. Un livre présentant un enfant qui vit la même situation ou une similaire lui permettra de s’identifier et l’aidera à parler de ce qu’il vit en lui donnant les mots et le moment propice pour le faire.
  • Plusieurs revues sont conçues pour les enfants. Que vous les empruntiez à la bibliothèque ou que vous souscriviez à la revue pour la recevoir chez vous, ce moyen est peu connu et tellement ludique. La plupart vont proposer du bricolage, des devinettes, des jeux-questionnaires autour de contes favorisant l’acquisition de mots, la compréhension de l’histoire, et la réflexion (induction, déduction et inférences). Souvent il s’agit d’une série où les mêmes personnages se retrouvent dans différentes situations d’un numéro à un autre. Ça développe l’intérêt de l’enfant de par l’attachement de ce dernier aux personnages. Ça permet à l’enfant d’anticiper ce qui pourrait arriver dans le prochain numéro et d’avoir hâte de le recevoir ou de l’emprunter.

Quel que soit le conseil que vous appliquerez parmi ceux proposés, sentez-vous à l’aise de l’adapter à votre style parental, vos préférences, votre famille. Le meilleur conseil est celui qui devient le vôtre!

J’ai tellement à dire sur l’éveil à l’écrit chez les tout-petits que ce billet sera le premier d’une série. N’hésitez pas à laisser vos commentaires et questions dans l’encadré ci-bas, il me fait toujours plaisir de vous lire.

Cordialement,

Marie-Emmanuelle Marchand, M.Sc., Orthophoniste

 

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