«Pourquoi certaines personnes peuvent-elles rouler leur langue et d’autres pas? Est-ce que c’est génétique?» 

En tant qu’orthophoniste, je rééduque la langue dans un contexte qu’on appelle Trouble myofonctionnel orofacial. Régulièrement, lorsque je travaille les muscles latéraux de la langue avec un client, ce dernier mentionne qu’il fait partie de ceux qui, pour des raisons génétiques obscures ne peut pas exécuter le mouvement. Je choisis généralement l’humour et leur répond que c’est aussi valable que de mettre des oignons crus dans ses bas pour guérir un rhume. C’est un mythe. Jusqu’à maintenant cependant, je ne pouvais étayer ma réponse, mais voilà l’objectif de cet article.

Avant de vous expliquer en quoi c’est un mythe, je vous présente deux photos. Pas étonnant que le mythe soit tenace quand des sources généralement fiables et scientifiques véhiculent ces informations! Le National Geographique – Kids, quand même!

 

La réponse d’Adriana Heguy, biologiste moléculaire, chercheuse sur le génome: 

Tout d’abord, la capacité à rouler sa langue n’est pas seulement génétique et la composante génétique pourrait d’ailleurs être très faible. Chez les jumeaux monozygotes (identiques), il arrive que l’un puisse rouler sa langue alors que l’autre non. Ainsi, s’il y a une dimension génétique, elle n’est clairement pas mendélienne. C’est-à-dire qu’elle n’est pas codée par un seul gène et qu’elle est largement influencée par l’environnement, dans ce cas la pratique**. Mais pour une raison que j’ignore, rouler sa langue est l’un des mythes sur la génétique que l’on utilise beaucoup dans les collèges et lycées comme un exemple de simple trait mendélien avec une nature dominant-récessif. 

Il est difficile d’identifier l’intérêt dans l’évolution d’une capacité si largement influencée par l’environnement et dont le caractère utile n’est pas évident. Pour de nombreux traits génétiques, nous n’avons absolument aucune idée ni de leur rôle ni de la raison pour laquelle ils existent. 

 

 **Lorsqu’on parle de pratique, pour moi, ça sonne hypotonie. La langue, lorsqu’on mastique peu, respire par la bouche, avalons par succion devient hypotonique. Lorsqu’elle est ainsi molle et flasque les muscles qui la compose sont plus difficilement sollicités. Je serais curieuse de savoir si tous ceux pour qui ce mouvement est impossible ont une respiration buccale… une forte proportion certainement. 

 

Comme quoi c’est pas parce que c’est enseigné que c’est vrai. Pour mes clients, pas d’excuse, on s’exécute! 

 

L’article ici. 

 

Marie-Emmanuelle Marchand, M. Sc., Orthophoniste 

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